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21 Jul

L'église du sacré coeur. (Basilique de Cointe)

Publié par Tinou  - Catégories :  #Liège

L'église du sacré coeur. (Basilique de Cointe)

"L' ASBL« Monument régional du Sacré-Cœur », avait été créée en 1923 sous l’égide de l’évêché, et avait même déjà acquis un terrain dans le quartier Saint-Maur, sur la colline de Cointe, pour y ériger un centre de pèlerinage consacré au Sacré-Cœur de Jésus, en reconnaissance de la protection divine dont le Pays de Liège avait bénéficié durant les années d’occupation. Les autorités ecclésiastiques pensaient à une église surmontée d’une imposante statue du Christ, que notre évêque actuel compare au Christ qui veille sur Rio de Janeiro, toutes proportions gardées : le Rédempteur de Rio fait 38 mètres, celui de notre évêque 8 mètres.

Selon la Gazette de Liège, «ce mémorial devait comporter dès l’abord une statue monumentale du Sacré Cœur dominant la ville et représentant le ‘Prince de la Paix’. On y ajouta dans la suite l’idée de construire un oratoire, timidement dénommé ‘chapelle’ au début, puis ‘Eglise’, puis ’basilique’!»

Monseigneur Delville a publié à ce propos un dossier presse bien charpenté. Au moment où ville et province délibèrent sur leur concours pour un monument place du Marché, les milieux catholiques liégeois projettent de construire une statue monumentale du Sacré-Cœur. L’évêque, Mgr Rutten nl.wikipedia.org/wiki/Martin-Hubert_Rutten , désigne Cointe comme site et décide que l’église servira aussi de paroissiale. La paroisse de Cointe ouvre un registre: ‘Monument du Sacré-Cœur : Grand Livre II : 1921- 1933’. En octobre 1922 un premier projet est soumis par l’architecte Verlinden, avec une basilique néo-gothique à coupole et, à côté, une colonne surmontée du Sacré-Cœur. Le 14 novembre 1923, l’ASBL « Monument régional du Sacré-Cœur », présidée par l’industriel catholique Georges Dallemagne, achète le château Saint Maur où sera construit presque 10 ans plus tard le monument.

Un mémorial, à la fois civil et religieux, pour rallier l’adhésion de tous.

Comment alors les deux projets, celui d’un Mémorial et celui de l’évêque, se rejoignent ? Le R.P. QUEVIT André-Marie, prieur du Couvent des dominicains du Quai Mativa lève un coin du voile dans LLB de l’époque : «l’honneur de posséder un monument interallié revenait à la Cité ardente ; je proposai à Mgr Rutten, évêque de Liège, et à M. Theunis, premier ministre, l’édification d’un mémorial, à la fois civil et religieux pour rallier l’adhésion de tous. Le 18 février 1923, je constituais l’association sans but lucratif “Le Mémorial”, appelée à fournir à l’entreprise sa base juridique : une quinzaine de personnalités belges avaient accepté d’en faire partie. D’accord avec M. Theunis, j’en confiai la présidence à Mme la Princesse de Mérode. Avec son appui et celui du ministre des affaires étrangères, M. Jaspar, le projet obtint le concours des pays alliés et fut placé sous le haut patronage de leurs Souverains ou Présidents ».

Mgr Rutten, M. Theunis, la Princesse de Mérode, M. Jaspar et une quinzaine de personnalités belges: voilà le lobby qui est à la base du mémorial interallié.

La plupart de ces personnalités ont été actifs pendant la guerre dans le Comité National de Secours. Des notables et des dames patronnesses catholiques avaient fondé au début de la guerre "l’œuvre des Orphelins de laGuerre ". En 1915, le cardinal Mercier accepte l’absorption de l’œuvre par le Comité National de Secours et d’Alimentation, malgré la présence très critiquée parmi ses ouailles de socialistes belges comme Louis Bertrand ou Edmond Picard, ou des personnalités indépendantes qui n’étaient pas en odeur de sainteté comme Henri Jaspar.

Le grand financier belge Emile Francqui était la cheville ouvrière de ce Comité National. Lui aussi était un non-parlementaire (le président du POB Deman l’appelera un capitaliste-impérialiste-démocrate). Ce Comité deviendra plus tard l’O.N.E. : l’Œuvre Nationale de l’Enfance.

Mais Comité National de Secours est aussi une émanation institutionnelle de l’Union sacrée. Albert Ier est persuadé qu’après la guerre, les gouvernements de coalition devront dialoguer avec les autres partis. Il avait sondé discrètement pendant la guerre toute une série de personnalités en Belgique occupée, dont Jaspar et Theunis, un financier qui passe le conflit en exil à Londres. Theunis et Jaspar dirigeront chacun un gouvernement, le premier de 1921 à 1925 et Jaspar de 1927 à 1931.

Ce projet de Mémorial reçoit donc un soutien rapide et efficace de ces chevilles ouvrières de l’Union Sacrée.

Jaspar et Theunis ont aussi été très impliqués dans les négociations sur les réparations de guerre. Dans ce cadre là, une mobilisation internationale sur un projet qui rapellerait la résistance de Liège tombait très bien. La conférence de paix de Paris de 1919 est dirigé par un conseil supérieur des Alliés qui se déroule à huis clos. Ce conseil est composé des États-Unis, de la France, de l'Angleterre, de l'Italie et du Japon. Dès le début, la question des réparations est au centre des débats. Les Américains demandent d'exclure le remboursement des frais de guerre, excepté pour la Belgique dont la neutralité a été violée.

En 1919 le Conseil des parle de 20 milliards de marks-or

On avança ensuite le chiffre de 30 milliards, puis de 40 milliards. C'est finalement la somme de 132 milliards de marks-or payable en dollar sur une quarantaine d'années, qui est choisie en 1921. En jouant à fond sur son rôle de victime, la Belgique arrive à se faire accepter dans la Commission permanente des réparations à côté du Conseil des Quatre. Victoire à la Pyrrhus : en 1923 les milieux économiques allemands organisent une hyperinflation. Sur cette médaille du souvenir de l’inflation de 1923 : « 1 livre de pain : 3 milliards ; 1 livre de viande : 36 milliards ; 1 verre de bière : 4 milliards ». En fait, cette inflation avait été organisée de a à z par les milieux économiques allemands : elle rendait caduque les paiements pour les réparations de guerre. La Belgique comptait beaucoup sur ces indemnités de guerre qui s’envolent dans la fumée de cette inflation. Le projet de Mémorial doit dans ce contexte raviver le rôle de victime de la pauvre Belgique…

Une ASBL « Mémorial interallié » est fondée à Bruxelles le 15 février 1923. Au cours de l’année, comme par hasard, le Premier Congrès de la FIDAC émet le vœu de construire un monument en hommage aux soldats alliés. L’association constituée et présidé par la princesse Jean de Mérode, présidente de la Fédération nationale belge des combattants, propose de construire le Mémorial à Fétinne, sur le terrain ayant servi en 1905 au Vieux Liège, là où se trouve aujourd’hui Gramme. Elle n’a pas proposé Cointe : cela montre que les deux comités sont nés indépendamment, sans concertation directe. Mais quand la Société «Mémorial interallié » apprend l’initiative de l’ASBL liégeoise « Monument régional du Sacré Cœur », elle propose très vite une fusion des deux projets."

Source: http://hachhachhh.blogspot.be/2015/04/le-memorial-interallie-de-cointe.html

Photo: Tinou 2015

L'église du sacré coeur. (Basilique de Cointe)
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